Pourquoi faut-il lire... Intempérie
- Dominique Charpenet
- 19 mars 2017
- 2 min de lecture

Pourquoi faut-il lire Intempérie ? Parce que c'est un roman qui tient en haleine autant qu'un thriller, qu'il bénéficie d'une écriture aussi sèche que la terre brûlée et aussi riche que l'histoire sur laquelle elle repose.
Une histoire faite de souffrances, de silences, de sang, de poussière, de faim et de soif.
Un soleil implacable à désertifié le pays. Dans un trou recouvert de branchages, un enfant se terre. Il veut échapper aux adultes. Il préfère affronter les brûlures du soleil que les coups de son père et les bassesses des autres. Dans sa fuite à l'issue improbable, il rencontre un vieux chevrier, un taiseux, qui lui apprendra à survivre en terrain hostile.
Une langue riche pour exprimer, un paysage qui fait mal où tout est sec, même les relations humaines :
« [...] puis la sécheresse était survenue, et les plaines languirent jusqu'à mourir [...] »
« [...] ce même soleil qui à présent faisait fermenter l'argile et la brisait au point de la transformer en poussière [...] »
« [...] le vieux et le baudet devant, le chien tout fou qui laissaient derrière elles un sillage de crottes, telle la queue d'une comète. Quand ils eurent parcouru une vingtaine de mètres, le vieux s'arrêta et se retourna vers l'endroit d'où l'enfant n'avait pas bougé.
— Je ne vais pas t'attendre jusqu'à demain [...] »
Mais cette zone désertique est également peuplée de personnages dignes de la Cour des Miracles, Mais une Cour des Miracles à la manière de George Miller dans les Mad Max :
« Lorsque la bande abandonna le chemin de halage et prit la sente qui menait au château, le vieux reconnut la moto de l'alguazil. Deux cavaliers l'accompagnaient, et les fers de leurs chevaux provoquaient des étincelles sur les petits silex enfoncés dans le chemin. »
C''est l'histoire d'une violence absolue, où un enfant, dont on ne connaîtra même pas le nom, apprendra le respect de la terre, des hommes, des animaux, et pourtant il affrontera une nature hostile, la peur, la faim, la soif, la saleté, les plaies et surtout l'alguazil...
Ce chemin vers une liberté incertaine, nous hypnotise et nous laisse la bouche sèche.
Intempérie, Jesús Carrasco (Robert Laffont)
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