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Pourquoi faut-il lire... Un certain sourire

  • Violette Perrin
  • 6 mars 2017
  • 2 min de lecture

« Mais enfin quoi ? J'étais une femme qui avait aimé un homme. C'était une histoire simple ; il n'y avait pas de quoi en faire des grimaces. »


Je refermai l'ouvrage, interdite. Ce livre avait l'air de raconter l'histoire de ma vie. « Non, ce n’est pas cela », rectifiai-je aussitôt. Comme tous les livres finalement, on y retrouve un peu de soi même, de ses expériences. Mais Françoise Sagan avait dépassé cela : plus que de m'y retrouver, j'aurais pu l'écrire. Ou plutôt : j'aurais voulu l'écrire. Réussir à mettre ces mots sur mon vécu. « Si j'écris un jour, ce sera comme Françoise Sagan », décidais-je finalement. Des livres sur l'amour, sur cette douleur qui passe et disparaît, sur cette langueur. Sur une après-midi à la terrasse d'un café, au soleil, sur la couleur de la fumée d'une cigarette.


« Je lus ; le soir tomba. Je posai mon livre, appuyai ma tête sur mon bras, regardai le ciel passer du mauve au gris. Je me sentis soudainement faible et désarmée. Ma vie s'écoulait, je ne faisais rien, je ricanais. Quelqu'un contre ma joue, que je garderais ; que je serrerais contre moi avec la déchirante violence de l'amour. Je n'étais pas assez cynique pour envier Bertrand, mais assez triste pour envier tout amour heureux, toute rencontre éperdue, tout esclavage. Je me levais et sortis ».


Le plus important, somme toute, je le réalisais soudain, ce n'est pas d'écrire sur l'action, la couleur des cheveux du personnage, la complexité d'un monde fantasque ou encore de décrire avec précision la composition d'un dîner. Non, ce que me montrait Sagan, c’est que l'important est d'écrire l'émotion, la plus frêle soit-elle. Et moi aussi, je les avais ressenties, ces émotions-là. L'envie de s'isoler après un baiser volé, pour le savourer et le vivre encore et encore, la brusque et désagréable réalisation du passage à l'âge adulte, l'angoisse saisissante des séparations programmées d’avance. Moi et tous les autres lecteurs, probablement. C'est peut-être ça l'important dans l'écriture : mettre des mots sur ce que les lecteurs ne peuvent pas expliquer eux-même. Et donner envie d'écrire, pour pouvoir percer à jour nos propres émotions de manière aussi tranchante et touchante que le fait cet auteur. Un de mes nouveaux auteurs préférés, conclus-je.


Un certain sourire, Françoise Sagan (Julliard)

 
 
 

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