Projecteur sur... La Règle du Jeu

Imaginez que vous avez un billet pour aller voir une pièce de théâtre à la Comédie-Française, et que l’on vous projette un film à la place pendant les vingt-six premières minutes. Vous seriez surpris et dérouté, n’est-ce-pas ?

En tout cas, si vous décidez de vous rendre à la représentation de La Règle du Jeu, l’un des acteurs ne manquera pas de vous le demander, le sourire aux lèvres.

Cet acteur, incarne le personnage de Robert, un hôte passionné de nouvelles technologies cinématographiques. Au cours de la somptueuse soirée qu’il donne dans son théâtre privé, il divertit ses invités avec un film qu’il a lui-même tourné et monté.

Ce film étrange projeté au début du spectacle a pour décor le bâtiment même de la Comédie-Française, comme pour questionner les liens entre cinéma et théâtre. Le scénario de La Règle du Jeu, écrit par Jean Renoir, est d’ailleurs largement inspiré des pièces de Musset et Beaumarchais — Les Caprices de Marianne et Le Mariage de Figaro. La mise en scène théâtrale de Christiane Jatahy joue ainsi de ces limites entre espace scénique et audiovisuel.

A la fin de la projection, tout s’éteint. Vous vous retrouvez dans le noir d’une salle de cinéma. Et puis, d’un coup les lumières se rallument dans le public et sur scène. De spectateur vous devenez acteur. Du moins, vous êtes désormais partie-prenante de la représentation puisque vous êtes l’un des invités de la grande fête donnée par Robert. Des plateaux de petits fours circulent dans la salle. On vous propose du champagne à gogo. Il ne faut surtout pas hésiter à en demander. On vous invite également à danser, chanter.

Les spectateurs se regardent d’un air amusé. Réservés, certains se contentent seulement de sourire ; d’autres se prennent complètement au jeu. Mais tous sont à la fois exaltés et intrigués par le spectacle.

Les acteurs, quant à eux, prennent parfois le rôle de spectateurs. Ils s’épient les uns les autres grâce à l’intégration d’écrans sur la scène. La caméra capte des émotions, dévoile des situations. La femme de Robert, Christine, est, par exemple, surprise avec son amant, le navigateur, André Jurieux, qui vient de traverser la Méditerranée et sauver des dizaines de migrants de la noyade, mis à l’honneur pendant cette fête.

La metteuse en scène et cinéaste brésilienne, Christiane Jatahy, brouille ainsi les frontières entre acteur, personnage et spectateurs. En explorant de nouvelles méthodes de représentation et de narration, elle ouvre le champ des possibilités artistiques et esthétiques et offre un dialogue vivant entre les artistes et l’œuvre ; acteurs et spectateurs ; fiction et réalité.

Du 4 février au 15 juin 2017

Information et réservation ici.

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