Pourquoi faut-il lire... La théorie des cordes

Je ne connaissais pas du tout José Carlos Somoza, et je suis tombée sur son ouvrage intitulé La théorie des cordes tout à fait par hasard. J’étais à la librairie, à la recherche de nouveaux livres, et j’ai surpris une conversation entre l'une des vendeuses et sa cliente à qui elle recommandait ce livre, dont elle parlait comme d'un thriller noir parlant de théories physiques, mais de façon compréhensible. Bien que la physique et les mathématiques n’aient jamais été mon domaine de prédilection, j’adore cependant lire et regarder des films sur ce sujet. Autant le dire, cette conversation volée a suscité mon intérêt, et donc j’ai tout de suite saisi le livre et lu la quatrième de couverture afin d’avoir plus d’information :

« Isolée sur un atoll de l'océan Indien, la fine fleur de la physique mondiale œuvre à un ambitieux projet fondé sur la théorie des cordes, qui permettrait d'ouvrir le temps. S'ils parviennent avec ravissement à contempler le passé de l'humanité, les scientifiques perçoivent rapidement que ce programme, financé par de mystérieux fonds privés, pourrait connaître des applications moins angéliques. Un drame conduit à la suspension immédiate des recherches, dispersant aux quatre vents les apprentis sorciers. Dix ans plus tard, Elisa Robledo, brillante physicienne d'une université de Madrid, se sent en danger de mort. Avec ses anciens acolytes, elle retourne aux origines de la tragédie, sur cet îlot où ils avaient profané le temps. Intensité, profondeur, puissance narrative : José Carlos Somoza porte les énigmes de la physique au cœur d'un roman dont l'efficacité fait frémir. »

Trois jour plus tard, je finissais déjà ce livre de 600 pages. La théorie des cordes est un roman surprenant. Tout d’abord, c’est un thriller qui parle de physique et mathématiques, tout de même, prenons donc un instant pour digérer cela. L’ouvrage touche également à l’histoire, à la psychologie, à la maladie, à la politique, à la sociologie et même, de façon plus étonnante peut-être, à la religion. En effet, le mysticisme englobe chaque page de ce thriller où tout dérape très vite. Les expérimentations scientifiques sur l’atoll invitent à la dérive : pouvoir observer le passé devient possible, et la curiosité de chacun s’attise puisque tout semble possible : voir les dinosaures ? Le Christ ? Oui, mais pas sans conséquence… En mélangeant à son histoire des éléments de science-fiction, Somoza réussit à nous faire voyager dans le temps – littéralement. Comment ne pas être intrigué par cela ?

Néanmoins, ce qui m’a le plus plu dans La théorie des cordes, c’est la figure du « méchant », Zig Zag (qui est d’ailleurs le titre anglais du livre). Elément indispensable du genre qu’est le thriller, Somoza parvient à créer un ennemi, un danger, un assassin – la dénomination est très difficile, mais je ne peux en livrer plus – responsable non seulement des morts successives des personnages, mais aussi de leurs accès de violence et de folie. L'imagination de l'auteur culmine d’ailleurs dans l’identité dissimulée de cet assassin, et dont l’ingénieuse révélation nous prend tous de court. Il s’agit là une histoire terrifiante à l’efficacité surprenante. L’angoisse est palpable, le mystère ne cesse de s’épaissir de pages en pages sans que l’intrigue ne s’essouffle. En revanche, en tant que lecteur, vous devrez peut-être vous arrêter quelques secondes afin de pouvoir reprendre votre propre souffle… Vous aurez été prévenus. En effet, Somoza nous fait basculer dans l’horreur dans la deuxième partie de son livre pour un résultat toujours plus effrayant, presque traumatisant pour le lecteur courageux qui s’aventurerait à lire ce livre seul, la nuit. Fermez les yeux et vous êtes sur l’atoll. Zig Zag est là et guette. Vous guette. L’hémoglobine trouve parfaitement sa place et ponctue le récit. Cette tension ravivée, ces disparitions et morts mystérieuses font penser à un Dix petits nègres version gore. N’essayez pas de vous échapper, vous n’y arriverez pas. L’insomnie qui touche les personnages, elle est contagieuse… croyez-moi. Zig Zag est là. Il n'attend plus que vous fermiez les yeux.

La théorie des cordes, José Carlos Somoza (Babel)

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