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Pourquoi faut-il lire... Sur les chemins noirs

  • Valentine Richet
  • 20 oct. 2016
  • 2 min de lecture

« Ma mère était morte comme elle avait vécu, faisant faux bond, et moi, pris de boisson, je m’étais cassé la gueule d’un toit où je faisais le pitre. »


Cette fois-ci ce n’est ni la fièvre de l’inconnu ni le bonheur d’un nouvelle aventure qui lance l’écrivain Sylvain Tesson sur les chemins. C’est la douleur, et la nécessité de guérir, de corps et d’esprit. Après son accident en août 2014, l’écrivain décide de reprendre la route.


« Je préférais demander aux chemins ce que les tapis roulants étaient censés me rendre : des forces. »


Et c’est un rapport sur « l’hyper-ruralité », publié par le gouvernement de Manuel Valls, qui va esquisser le tracé de cette marche à travers la France. L’itinéraire choisi par Sylvain Tesson est simple : du Mercantour au Cotentin, il suivra les chemins oubliés des campagnes, montagnes et forêts de France. Exutoire de la douleur du corps et de l’esprit, ce périple démontre une fois de plus les joies salvatrices de la marche à pied. Ce n’est pourtant pas le récit bucolique et idéalisé d’un promeneur : Sur les chemins noirs est un texte lumineux et honnête, un regard nouveau sur la réalité de la France des campagnes.


Savoureuse expérience pour le lecteur que de pouvoir, pour une fois, suivre l’aventure de Sylvain Tesson dans ce pays que nous connaissons – ou croyons connaître – si bien. Habitué à se plonger dans les récits de voyage pour être dépaysé, on redécouvre cette fois-ci la beauté qu’on n’avait pas su remarquer – trop proche et pourtant dissimulée, celle qui se cache dans les forêts et les campagnes d’un pays que l’on voudrait urbaniser à tout prix.


« Je voulais m’en aller par les chemins cachés, bordés de haies, par les sous-bois de ronces et les pistes à ornières reliant les villages abandonnés. Il y avait encore une géographie de traverse pour peu qu’on lise les cartes, que l’on accepte le détour et force les passages. Loin des routes, il existait une France ombreuse protégée du vacarme, épargnée par l’aménagement qui est la pollution du mystère. Une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie. »


Drôle et émouvant, Sylvain Tesson est une voix singulière dans le paysage littéraire français contemporain. Sa (re)découverte de la France rurale est souvent tendre, parfois douce-amère, mais toujours bienveillante.


Au lecteur hésitant, on suggèrera simplement un passage en librairie et la lecture de la brève introduction de Sur les chemins noirs. Quatre pages brutes et délicates, la promesse d’un voyage plus intime, plus douloureux, plus vivant, plus humble, plus fort et plus savoureux que jamais. L’occasion de se réapproprier un territoire de poètes et de rêveurs, et de continuer de croire à la guérison : celle du corps, de l’esprit et de la terre.


« Il y avait encore des vallons où s’engouffrer le jour sans personne pour indiquer la direction à prendre, et on pouvait couronner ces heures de plein vent par des nuits dans des replis grandioses.

Il fallait les chercher, il existait des interstices.

Il demeurait des chemins noirs.

De quoi se plaindre ? »


Sur les chemins noirs, Sylvain Tesson (Gallimard)

 
 
 

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