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Pourquoi faut-il lire... Le Livre des Baltimore

  • Violette Perrin
  • 18 sept. 2016
  • 4 min de lecture

— Manon Manon Manon Manon, appelai-je en me précipitant vers la chambre de ma colocataire.


J'ouvris sa porte sans frapper et l'interrompis en pleine séance de coloriage. J'en fus coupée dans mon élan.


— Tu fais du coloriage ?


— C'est des coloriages zen...


— Peu importe, la coupai-je, tu te souviens du livre que tu m'avais fait lire la dernière fois ? Le roman policier ?


Face à son silence, je renchéris :


— Mais si, celui de Joël Dicker, La Vérité sur l'affaire Harry Québert !


— Ha oui ! Il était génial ce bouquin !


— Je sais ! Mais tu savais qu'il y avait un tome deux ?


Elle soupira.


— Ne te fatigue pas à le lire : on m'a dit que ce n'était pas un policier mais juste une histoire de famille, et que c'était nul.


Je brandis l'ouvrage.


— Je viens de le finir, et ce n'est pas du tout ça, il est super bien ! Je trouvais justement ça intriguant : qu'il change de style, qu'il change de genre même. C'était audacieux. Une nouvelle enquête, ça aurait fait trop redite, et ce n'était d'ailleurs pas logique avec son personnage de romancier, Marcus Goldman. Là c'est une histoire de vie : en fait le personnage est le même, mais cela se passe avant et un peu après l'Affaire Hary Québert. D'ailleurs, on en parle pas du tout, de la fameuse Affaire. Il parle de sa famille et de ses amours...


— Oui mais justement, ce que j'aimais chez cet auteur, c'était sa façon de dérouler l'enquête... Là, s'il n'y a pas de suspense, ça ne m'intéresse pas.


— C'est précisément le génie de ce livre : il y a du suspense ! À revendre ! Comme dans le premier tome, il change très souvent de période : son enfance, son adolescence, sa vie d'adulte... Et on sait dès le début qu'il va se passer quelque chose de très important, un « Drame ». On ne sait pas quand, ni pourquoi, encore moins ce que c'est, donc on essaie de deviner, de prévoir... C'est exactement comme dans un policier !


— Ah oui ? Bon explique moi un peu l'histoire alors parce que je suis perdue là.


— Le narrateur, tu sais, Marcus Goldman, il a deux cousins dont il est très proche, ils s'appellent le Gang des Goldman... Attends, je vais te lire un extrait ce sera plus simple :


« Après Baltimore et Miami, les Hamptons étaient la conclusion du triptyque géographique annuel du Gang des Goldman. Chaque année, mes parents m'autorisaient à aller y passer le mois de juillet. C'est là-bas, dans la maison de vacances de mon oncle et ma tante, que j'ai passé les étés les plus heureux de ma jeunesse en compagnie de Woody et Hillel. C'est également là-bas que se plantèrent les graines du Drame qui allait les frapper. Je garde malgré tout de ces séjours le souvenir du bonheur le plus absolu. De ces étés bénis, je me souviens de jours tous identiques où flottait le parfum de l'immortalité. Ce que nous faisions là-bas ? Nous vivions notre jeunesse triomphale. Nous allions dompter l'océan. Nous chassions les filles comme des papillons. Nous allions pêcher. Nous allions nous trouver des rochers pour sauter dans l'océan et nous mesurer à la vie. »


— Donc des cousins très proches qui vivent la belle vie ?


— Pas vraiment. C'est plutôt le narrateur qui admire la famille de ses cousins, dont il est très proche. Et il y a une jolie fille évidemment : Alexandra, qui se greffe à leur groupe... On les voit grandir. Mais le moteur de l'histoire reste le fameux Drame. On ne comprend pas ce qui a bien pu se passer, mais on comprend vite que, lorsqu'on retourne dans le présent, à l'âge adulte de Marcus, tout a changé, à cause du Drame. En fait, le génie de l'auteur, c'est justement d'avoir appliqué tous les codes d'un bon roman policier à une histoire de famille : de rebondissement en rebondissement, on tente de comprendre le Drame, à l'aide d'indices, comme on tenterait d'élucider les conditions d'un meurtre ; on essaye de chercher le coupable, exactement comme dans un thriller. C'est haletant, oppressant, effrayant parfois.


— Ok, donc pour résumer un jeu d'allers-retours dans le temps, des histoires de cousins, de famille, d'amour, des vacances et... un Drame. C'est quoi, le Drame ?


— Te le révéler se serait comme te dire le nom de l'assassin d'un bon policier. Je ne veux pas te gâcher la surprise. Et quand il parle au temps présent, on retrouve encore des réflexions sur l'écriture, comme dans le premier tome, du style :


« Dans vingt ans, les gens ne liront plus. C'est comme ça. Ils seront trop occupés à faire les zozos sur leurs téléphones portables. Vous savez Goldman, l'édition c'est fini. Les enfants de vos enfants regarderont les livres avec la même curiosité que nous regardons les hiéroglyphes des égyptiens. Ils vous diront : "Grand-père, à quoi servaient les livres ?" Et vous leur répondrez : " À rêver. Ou à couper les arbres, je ne sais plus." »


Elle rit :


— Ça doit te plaire ce genre de réflexions ! Bon en tous cas, tu m'as convaincue...


​— Oh regarde, une autre citation assez sympa, cela devrait te convaincre une bonne fois pour toutes :


« Si vous trouvez ce livre, s'il vous plaît, lisez-le. »


Le Livre des Baltimore, Joël Dicker (De Fallois)




 
 
 

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