Pourquoi faut-il lire... De profundis
- Pascale Charpenet17
- 18 sept. 2016
- 2 min de lecture
Si le monde d’aujourd’hui semble en déliquescence, celui de demain est apocalyptique. Virus mondial, pollution extrême, catastrophes naturelles, c’est cette vision d’horreur que nous propose Pirotte, dans une fiction qui pourrait devenir réalité. Les fanatismes religieux sont eux aussi exacerbés et transforment hommes et femmes :
« Ces fantoches prétentieux pensaient être les derniers dépositaires de la grande civilisation d’Occident, alors qu’ils ne savaient plus ce qu’était un livre. Beaucoup d’entre eux étaient des petits bourgeois bêtes et médiocres, qui avaient longtemps voté extrême droite quand on pouvait encore voter ; mais il y avait surtout d’anciens bobos que la catastrophe économique avait obligés à mettre au placard le « vivre ensemble », ainsi que les ponchos péruviens fair-trade, le tour de potier et la soupe de lentilles bios. Dépossédés de leurs idéaux, frustrés et hargneux, ils s’étaient rabattus sur la religion dans sa version chrétienne la plus extrémiste. »
Dans cette dystopie cauchemardesque, Ebola 3 a contaminé la population mondiale qui se shoote aux médicaments, plus ou moins douteux, pour oublier sa condition et ne pas voir un futur qui s’annonce plus sombre encore.
Parmi eux, Roxanne, qui survit dans un Bruxelles sombre et malade, en vendant des médicaments trafiqués. Son petit monde va soudain être bouleversé par l’apparition d’un être qu’elle avait oublié pendant sept ans : sa fille. Prenant soudain conscience de sa responsabilité, elle fuit la ville et emmène son enfant dans un hameau de campagne qui fut l’antre de sa grand-mère. Il faut alors réapprendre à vivre et s’accommoder de cette vie simple loin de la ville. La routine se met en place : faire le potager, s’occuper des poules, préparer les repas… mais la ville et son tumulte manque à Roxane qui sombre peu à peu dans l’alcool.
Pourtant, une présence va rapidement accompagner la jeune femme et sa fille. L’histoire futuriste devient alors presque conte sous la plume de Pirotte, et l’on est happé par cette atmosphère fantasmagorique qui se dessine sous nos yeux.
« Quand Roxane s’éveilla le lendemain, elle s’aperçut que le côté du lit où elle ne dormait pas était légèrement creusé, comme si un corps s’y était étendu. Elle partit d’un grand rire sardonique et n’y pensa plus de toute la journée. Mais le soir, quand elle se mit au lit, la trace était là. »
On découvre peu à peu qui est cette présence et les rouages se mettent en place. Cet être mystérieux venu d’un autre temps qu’on découvre va se lier à notre héroïne. Le conte fantastique prend alors des allures de thriller haletant qui laisse peu de répit au lecteur. Le monde que l’on connaît aujourd’hui est-il sur le point d’imploser ? Réponse dans cet excellent roman d’Emmanuelle Pirotte.
De profundis, Emmanuelle Pirotte (Cherche Midi)
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