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Un bel extrait de... L'arbre du pays Toraja

  • Edgar Dubourg
  • 11 sept. 2016
  • 2 min de lecture

Parler à la fois de la mort, de la connaissance, de la peur, de la vie, avec sérieux et humour, d'une plume précise qui fait toujours écho à nos propres réflexions et émotions : c'est tout l'enjeu de cet extrait et, dans une certaine mesure, de toute l'œuvre de Philippe Claudel.


« M'ont toujours hanté les mots de Montaigne sur le fait que « philosopher c'est apprendre à mourir », et que « ce n'est pas la mort qui est difficile mais le mourir ». Je ne suis pas un homme du XVIe siècle, accoutumé aux épidémies, aux guerres, à la perte brutale et fréquente d'amis, de parents, d'enfants, et pour lequel déjà un homme de quarante ans était un vieillard. Mais la littérature, celle qu'on lit, nous marque avec la profondeur d'un couteau planté dans un organe, sans que le pronostic vital – l'expression m'a toujours enchanté en cela qu'elle associe une mesure légère, celle de l'horoscope, de la prédiction du turfiste, du météorologue, à un adjectif qui nous fait trembler comme une feuille – soit réellement engagé. D'ailleurs, lorsqu'on est en pleine santé, quand donc ce fameux pronostic, sans qu'on n'en sache rien, commence-t-il à s'engager ? On dirait, à parler de lui ainsi, un matelot attendant sur un quai son navire.


Je n'ai peur de rien pour moi. Je ne crains pas ce que je ne connais pas, à l'inverse sans doute des premiers hommes à l'aube de l'humanité dont l'horreur ne naissait que de l'inconnu. Habitant du début du troisième millénaire, je ne sais trop combien ce qui compose mon environnement recèle de puissances létales. Nous avons fait de la terre un vieux fatras toxique et nos sociétés aux vitrines si propres sont de grands dépotoirs masqués, gorgés de poisons innombrables et de charges explosives. Non, ma peur ne provient pas d'une absence de connaissances, mais d'un trop-plein, et je crains bien entendu davantage la disparition de ceux qui m'entourent que la mienne, ce qui n'est pas comme on pourrait le croire le contraire de l'égoïsme, mais sa forme la plus achevée. »


L'arbre du pays Toraja, Philippe Claudel (Stock)

 
 
 

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