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Pourquoi faut-il lire... Le Garçon

  • Edgar Dubourg
  • 19 août 2016
  • 3 min de lecture

Vaste roman dont la splendeur du récit n'a d'égal que la splendeur de chacune des phrases qui le compose : chaque mot détient son importance et sa propre énergie, et chacun d'eux est essentiel à l'histoire qui se façonne avec précision et avec brio. Avec panache. On comprend à travers les lignes qui se lisent d'elles-mêmes des sensations inexplicables que ne peuvent même pas rendre intelligibles les plus grands traités, les définitions les plus fournies. C'est par la fiction que Marcus Malte y parvient : en écrivant ce qui ne fut jamais écrit. En écrivant le vrai. Sans détour, sans fioritures, sans mensonge aucun. Il parle d'amour : d'amour véritable, avec ses miracles, ses failles, ses désirs, ses tourments. Il parle de guerre : de guerre véritable, avec la chair, le sang, la rage, la misère. Il parle d'espoir : d'espoir véritable, faite de lumière et d'ombre, de visions, de fantômes. Il parle de tristesse : de tristesse véritable, celle qui ne se ressent pas, qui plutôt déchire ce qui reste de nous après coup. Pareil le soulagement : véritable soulagement. Pareil le bonheur : véritable bonheur. Pareil la haine. Pareil la douleur. Pareil la compassion. Pareil la vie et l'humanité, parce que c'est un roman humaniste avec ce qu'il contient de remarques juteuses et cyniques sur notre manière de vivre et de mourir. Il finit par mettre le doigt sur ce qui nous constitue – nos propres doutes, et par déconstruire ce qui nous embarrassait – nos terribles certitudes.


Horrible terme que celui d'apprentissage pour définir un grand roman, et pourtant sublime lorsque ce dernier l'est vraiment. Le Garçon : roman d'apprentissage. Car le garçon de cette histoire, au départ quasi-sauvage, se révèle être un personnage très profond, doté d'une âme, d'une hargne, et d'une flamme nouvelle, un héros comme rarement on en avait croisé. Le Garçon : roman d'apprentissage. Car, tout simplement, avec ce roman-ci, on apprend tout de la vie, de la mort.


Le plus remarquable est ce qui reste de ce roman après avoir lu la dernière ligne, ce que je vais tenter de retranscrire en évitant bien sûr de raconter les péripéties du récit. Ce qui reste, d'abord, est un sentiment de complétude et de cohérence, d'avoir suivi le garçon, qu'on couvait ces quelques centaines de pages, sa vie entière ; on est heureux de l'avoir connu, de l'avoir regardé grandir, évoluer, réfléchir, apprendre. Vivre. Après, c'est une petite jubilation que l’on peut ressentir d'avoir lu ces mots, poétiques, durs, acharnés, bien sentis. On a l'impression que chaque mot était essentiel et qu'aucun n'était de trop. Que le tout était parfaitement mené, comme une ballade, comme un chef-d'œuvre. Alors on feuillette le livre, à la recherche des passages qui nous ont marqué, en comprenant vite qu'il y en a pratiquement à toutes les pages. Ensuite, c'est un enivrement, une agréable sensation de trop-plein, car la vie du garçon est belle, extrêmement riche et mouvementée, et on a vu à travers ses yeux tant de choses, sublimes ou affreuses. On a parcouru des kilomètres avec lui, on a rencontré de nombreuses belles personnes à ses côtés, on s'est reposé, on est tombé malade, on a fait la guerre, on a aimé. On a connu le bonheur, la misère, le deuil et la solitude. Aussi en lisant la dernière phrase peut-on avoir un léger tournis, subtile et piquant, celui que je suppose on ressent plus vieux, après une vie bien remplie, en faisant remonter à la surface des souvenirs enfouis. Enfin, une fois le livre refermé, comme à la fin de toute belle histoire, on est triste. Triste de quitter le garçon, de le laisser là. Démuni. On veut l'accompagner encore, on veut l'aider, le porter, le faire s'envoler, le voir vivre encore, le regarder marcher encore, toujours le suivre, un pas dans le sien et un œil à l'intérieur de son regard tantôt émerveillé tantôt désenchanté. Et finalement, on ferme nos propres yeux, et on le voit sourire, le garçon. D'un sourire un peu peiné mais ô combien réconfortant.


Le Garçon, Marcus Malte (Zulma)

 
 
 

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