Un bel extrait de... Comment je vois le monde
- Louis Dubourg
- 15 juin 2016
- 1 min de lecture

Dans Comment je vois le monde, Albert Einstein s'est voulu exhaustif, un concept pourtant étrange pour un scientifique. La richesse, la guerre, les valeurs, la religion... aucun thème ne lui échappe. En voici un extrait, qui n'a malheureusement pas pris une ride.
« Le problème auquel les intellectuels de ce pays sont confrontés apparaît très grave. Les politiciens réactionnaires ont réussi, en agitant le spectre d’un danger extérieur, à sensibiliser l’opinion publique contre toutes les activités des intellectuels. Grâce à ce premier succès, ils essaient maintenant d’interdire la liberté de l’enseignement et de chasser, de leur poste, les récalcitrants. Cela s’appelle réduire quelqu’un par la faim. Que doit faire la minorité intellectuelle contre ce mal ? Je ne vois qu’une voie possible : celle, révolutionnaire, de la désobéissance, celle du refus de collaborer, celle de Gandhi. Chaque intellectuel, cité devant un comité, devrait refuser de répondre. Ceci équivaut à être prêt à se laisser emprisonner, à se laisser ruiner financièrement, en bref à sacrifier ses intérêts personnels pour les intérêts culturels du pays. Le refus ne devrait pas se fonder sur l’artifice bien connu du non-engagement. Mais un citoyen irréprochable n’accepte pas de se soumettre à une telle inquisition, totalement en infraction avec l’esprit de la constitution. Et si quelques intellectuels se manifestent, assez courageux pour choisir cette vie héroïque, ils triompheront. Sinon les intellectuels de ce pays ne méritent pas mieux que l’esclavage qui leur est promis. »
Comment je vois le monde, Albert Einstein (Flammarion)
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