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Cinq questions à... Olivier Bourdeaut

  • Pascale Charpenet
  • 14 avr. 2016
  • 4 min de lecture

Le petit garçon de votre livre est le narrateur, ce qui donne à votre écriture un style en apparence simple, un ton enfantin ; sa façon de voir les choses peut paraître presque candide, encore plus lorsque l'on connaît ses parents. En fait, votre écriture est précise, et le garçon semble au contraire des apparences extrêmement lucide et ses remarques toujours justes. Saviez-vous, en écrivant votre roman, que vous dotiez ce garçon d’une si fine perspicacité ?


Très vite, j’ai constaté qu’il ne fréquentait que des adultes, ce qui lui donne des réflexions naïves, mais parfois beaucoup plus mûres. Il ne va plus à l’école, passent ses journées avec ses parents, ses nuits avec des amis de ses parents, des libraires, des diplomates… Du temps où il allait encore en classe, sa maîtresse a dit un jour à sa mère que son enfant était un « oiseau de nuit savant ». C’est donc un enfant mais qui baigne dans un monde d’adulte.


On a l’impression que vous avez entrelacé la voix du père pour ajouter une dose de réel à votre roman, car ses écrits, en italique dans le récit, viennent toujours rationaliser les histoires un peu folles qu’on peut lire par ailleurs. Pouvez-vous expliquer la naissance de cette voix, comment elle s’est imposée, si vous aviez décidé de faire intervenir le père – par ses écrits – dès le début ou si cela s’est élaboré durant la phase d’écriture ?


J’ai commencé à écrire avec les mots d’un enfant mais je me suis vite lassé, et j’avais peur de lasser les éventuels lecteurs qui me liraient. Une écriture plus élaborée, rythmée et rimée, s’est donc assez vite imposé et m’a permis de développer le point de vue du père. Je recherchais la poésie à tous les niveaux, ce que j’ai fait avec l’entremêlement des deux points de vue. Ce qui fait rire l’enfant fait souvent pleurer le père.


Vous valsez avec les mots – vos phrases sont toujours empreintes d’une certaine poésie, avec beaucoup de répétitions, de jeux sur les sonorités –, vous faites danser et tanguer vos personnages, et votre roman à pour titre celui d’une chanson de Nina Simone : quel est votre propre rapport à la danse et à la musique ? Pensez-vous que jouer ainsi avec les mots est l’un des buts de l'écriture ?


Avant de répondre à votre question, j'aimerais tout d’abord vous faire part d’une anecdote. Il y a quelques jours, j’ai tourné une émission pour la télévision, Là où je t’emmènerai, qui est ce que l’on appelle une pastille écologique. Il s’agissait de faire part d’un endroit que l’on aimerait à tout prix préserver. La fille de Nina Simone était passée la veille ! J'ai dédicacé mon livre à sa mère : le titre de mon roman, vous le savez, est inspiré d'une de ses chansons. La vie est faite de coïncidences !


Pour revenir à votre question, j’ai un rapport quotidien à la musique. J’en écoute du matin au soir, je vis en musique, j’écris en musique, avec des morceaux qui coïncident avec l’ambiance que je veux donner à mes romans. Quant à la danse, je dois bien avouer que je suis un piètre danseur ! Mais je suis très admiratif de ceux qui osent s’élancer seul sur la piste, il faut un certain culot.


Jouer avec la langue n’est pas vraiment un challenge, c’est venu tout seul. Dans le roman que j’écris actuellement, ce n’est pas du tout le cas par exemple. Pour En attendant Bojangles, cela correspondait bien à l’état d’esprit que je voulais donner au roman, je riais moi-même parfois en écrivant ! Je trouvais très drôle de revenir au sens premier des mots pour en déformer l’expression. J’ai d’ailleurs cru que mon éditeur voudrait enlever certains passages, mais cela lui a beaucoup plu.


On ne peut pas ne pas vous poser une question sur le thème, celui de la folie, qui déborde à chaque page. Pourquoi avoir choisi ce thème ?


Je n’ai au départ pas choisi le thème de la folie, ni celui de l’amour, et par conséquent pas celui de l’amour fou non plus. Cela s’est présenté comme cela, je n’avais pas d’histoires précises en tête. J’écrivais à travers les yeux d’un enfant, qui vit dans un appartement dingue, voit ses parents danser jour et nuit… Au bout d’un moment, je me suis dit qu’il fallait que j’arrête d’enfiler des perles de fantaisie. Ce qui se présentait au départ comme une folie douce, pouvait prendre une autre tournure, plus sérieuse.


Nous posons toujours la même dernière question aux écrivains que nous interviewons : qu’y a-t-il de vous dans votre roman ?


Des poussières d’autobiographie. Le rapport de l’enfant à l’école, le fait de ne pas avoir de téléviseur chez soi… Tout le reste n’est que fiction.


Une question bonus : Pouvez-vous nous parler un peu du roman sur lequel vous travaillez actuellement ?


Mon prochain roman se déroulera dans les marais salants et sera la confrontation de personnes qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Le style est complètement différent du précédent, le ton plus acide, je voudrais à tout prix éviter les comparaisons.



Nous tenions à remercier l'auteur d'avoir répondu à nos questions.


En attendant Bojangles (Finitude)

 
 
 

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