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Cinq questions à... Corinne Maier

  • Manon Berriche
  • 10 avr. 2016
  • 4 min de lecture

Vous n’avez jamais écrit de livre de fiction : du pamphlet sur le monde de l’entreprise à l’essai sur la psychanalyse, en passant par la bande-dessinée, vous mêlez tous les genre, tous les tons. L’acuité de votre regard vous permet de donner un point de vue décalé sur la société. Mais pourquoi avoir fait le choix d’explorer tous les champs de la non-fiction tout en délaissant la matière romanesque, à proprement parler ? Ne pensez-vous pas que c’est précisément en déformant la réalité que la littérature permet de la faire ressentir le plus authentiquement possible ?


Un roman ? Mais le dois-je, le puis-je ? Faut-il vraiment écrire un roman ? Les Américains, qui en écrivent de très bons, ont un terme pour mon "genre" d'écriture, c'est la "creative non-fiction", la non-fiction créative. En effet, la non-fiction, à mes yeux, est parfois plus novatrice que pas mal de romans. Je me pose les mêmes questions que Roland Barthes, que j'admire beaucoup : toute sa vie, il a tourné autour du roman, sans jamais en écrire un. Puis il a effectué un séminaire intitulé "La préparation du roman", et c'est à ce moment qu'il est mort renversé par une camionnette, rue des Ecoles. La preuve est faite, le roman tue. Méfiance.


Vous avez écrit trois bande-dessinées sur trois grandes figures intellectuelles dont les théories ont marqué l’histoire (Freud, Marx et Einstein). Ecrite à la première personne du singulier, ces BD donnent l’impression de se retrouver véritablement dans la tête de ces grands penseurs. Comment avez-vous réussi à rendre aussi bien compte de la singularité de leur manière de réfléchir, de voir le monde ? Votre approche de psychanalyste vous a-t-elle aidé ? Quel rapprochement feriez-vous entre l’écriture et la psychanalyse ?


Merci du compliment ! Cela a été assez facile, en réalité : la recette est six mois de lecture plus un zest d'humour. J'ai passé beaucoup plus de temps sur le Einstein, car les sciences dures ne sont pas mon fort. A vrai dire, je crois que je n'ai toujours rien compris... Pauline Mermet, des éditions Dargaud, a fait appel à moi pour le Freud car auparavant j'avais publié des livres sur la psychanalyse, donc finalement c'est grâce à la psychanalyse que j'en suis venue à écrire des scénarios de BD. Un truc que je n'aurais jamais envisagé de faire ! J'espère continuer à explorer des choses dans le domaine de l'écriture. En ce moment, j'ai un projet de livre illustré, ce qu'on appelle un "beau livre". Essayons ! Concernant les liens psychanalyse-écriture : rien à voir –mais quand même... A mon avis, être en analyse et écrire sont deux manière de jouer avec la vérité, plus exactement de flirter avec elle, car, comme le disait Lacan, la vérité ne peut jamais que se "mi-dire".


Dans ces trois biographies, vous vous appuyez rigoureusement sur la vérité historique et scientifique, mais vous laissez dans le même temps libre cours à votre imagination, à votre interprétation personnelle. Enrichies par les dessins d’Anne Simon, vos textes créent un véritable univers imaginaire Qu’apporte selon vous la lecture d’une bande-dessinée par rapport à un simple ouvrage de vulgarisation scientifique ?


Je dois avouer que je ne lis jamais d'ouvrages de vulgarisation, même si certains sont très intéressants. Je pense que Anne et moi, nous avions les mêmes idées : il fallait transformer le genre un peu plan-plan de la BD de vulgarisation en quelque chose de plus contemporain, de plus fou, de plus personnel. Le dessin inspiré d'Anne contribue beaucoup au succès de cette trilogie, en cours de traduction dans une dizaine de langues. Moi j'ai été assez inspirée par les films de Ken Russell, un cinéaste anglais des années 70, et notamment "Lisztomania", qui donne l'impression qu'il a fumé la moquette.


Dans votre dernier ouvrage, , vous réadaptez vous-même, en quelque sorte, votre livre , qui a connu un incroyable succès médiatique. Dans quelle catégorie classeriez-vous cet album ? S’agit-il d’une autofiction ? D’un récit de témoignage ? D’un documentaire ? Ou d’une simple adaptation graphique de votre best-seller ?


Pour moi, c'est une autofiction – et pas seulement "mon autofiction". Car j'ai travaillé avec Aurélia Aurita, connue pour son approche talentueuse du "roman de soi", et elle a mis beaucoup de sa subjectivité dans le livre. Et, entre autres, son expérience des médias, puisque Aurélia, connue notamment pour "Fraise et chocolat", maîtrise toutes les ficelles du succès médiatique. Par ailleurs, "Ma vie est un best-seller" brasse plus large que "Bonjour Paresse", en ce sens que l'héroïne du livre traverse différents milieux de la société. C'est l'occasion d'une satire sociale sans concession ; nous avons bien ri, Aurélia et moi, en collectant des perles de jargon ici et là. Vous avez remarqué que plus personne ne parle normalement ?


La dernière question est la même pour tous les écrivains que nous interviewons : qu’y a-t-il de vous, dans vos œuvres ?


Je ne sais pas trop... En revanche, une chose est sure, le meilleur est à venir. Ou plus exactement, le Maier est à venir.



Un très grand merci à Corinne Maier pour ces réponses.

Ma vie est un best-seller, Corinne Maier et Aurélia Aurita (Casterman)

Einstein, Corinne Maier et Anne Simon (Dargaud)

 
 
 

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