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Pourquoi faut-il lire... Le goût du bonheur

  • Violette Perrin
  • 2 avr. 2016
  • 3 min de lecture

Gabrielle est une mère de cinq enfants dans le Québec des années vingt ; mariée par amour (ce qui est rare pour l'époque) à Edward Miller, elle tente de mener sa famille et ses amis sur le chemin du bonheur.


« De tout ce que ces amis lui ont dit du bonheur d'une union réussie, de tout ce qu'il a vu et apprécié de joies familiales, ce rire qui suit une phrase d'Edward, ce rire étouffé, si gai, si impulsif, ce rire est le symbole même du bonheur. »


Au travers du récit de sa vie, entrecoupé d'épisodes épistolaires, Gabrielle raconte ses petits bonheurs et difficultés quotidiens : l'attachement de sa fille aînée, Adélaïde (l'héroïne du deuxième tome) pour le fils des domestiques, Florent (le héros du troisième tome), la place que prend Nic McNally (l'ami de la famille) dans leurs vies, mais aussi la vie de ses sœurs, nièces et amis. On vit ainsi au travers de ses yeux le poids des conventions sociales de l'époque, le passage à l'âge adulte de ses enfants, les difficultés liées à la crise économique, les ravage de la tuberculose ou encore l'évolution de son mariage.


« "Vas-tu nous faire un fond de chaudron, comme dirait le père Gariépy ?"

Les pieds sur le bord du lit, affalé dans le fauteuil de cretonne fleurie qu'il a approché, Edward fume. Flambant nu, sans aucune vergogne, il placote avec sa femme qui est pudiquement demeurée sous le drap. La chambre est déjà bien en désordre et il n'y est que depuis une heure. Comme il s'interdit de fumer au lit, c'est le stratagème qu'il a trouvé pour rester près de Gabrielle et contenter son envie.

"Hé ! mon estorlet, dors-tu ?" »


Cette série en trois tomes de 900 pages peut faire peur de prime abord, mais elle se lit en fait d'une traite : c'est un roman totalement addictif. On suit l'histoire d'une famille sur une quinzaine d'années, chaque tome se focalisant sur un personnage principal, et les histoires sont tellement variées et s’enchaînent tellement vite (quelques années peuvent passer en une quinzaine de pages) qu'on ne peut pas s'arrêter de lire. De plus, le choix du cadre temporel est très intéressant ; des thématiques liées à l'absence de contraception, à des maladies comme la tuberculose, ou au poids de la religion dans le paysage social sont inhabituelles dans la plupart de nos lectures, et donne une force inattendue au roman. Le fait que l'action se déroule au Québec permet également d'agrémenter le livre d'un vocabulaire original, explicité par un lexique en fin de livre. Enfin, on retrouve de tout dans ce livre : des éléments historiques, quelques scènes pseudo-érotiques, des éléments historiques, beaucoup de personnages, des histoires d'amour tragiques, des maladies, des séparations, des retrouvailles, des naissances, des morts... Bref, un vrai feuilleton télévisé qui rappellerait presque les telenovelas mexicaines, avec tous les éléments possibles et nécessaires pour que chaque lecteur se retrouve dans une des histoires qui s'entrelacent. En effet, c'est probablement le foisonnement de personnages et d'actions qui rend cette histoire si envoûtante. Toutes les 2-3 pages, la scène change et le passage à un personnage différent ou à une époque différente permet de ne pas se lasser, de retrouver un de nos personnages favoris et d'éviter des scènes quotidiennes trop calmes. Les rebondissements à foison permettent de garder l’intérêt du lecteur dans une histoire somme toute banale, composée d'un assemblement d'éléments du quotidien, et c'est cela, plus que la vertu inébranlable des personnages principaux, parfois énervante, qui fait que ce livre est passionnant.


S'il est difficile de savoir pourquoi certains livres nous captivent parfois, il me semble que dans le cas de Le goût du bonheur, c'est cette impression de vivre milles aventures en une seule œuvre. Le fait qu'il s'agisse de personnages « normaux » menant leur vie simplement est rafraîchissant et le style est agréable et facilite la lecture. Un livre que je n'ai pas pu lâcher, qui m'a tenu en haleine, obsédé et ému : l'un des seuls livres qui m'ait envoûté depuis la fin de mon adolescence.


Le goût du bonheur : Gabrielle, Marie Laberge (Pocket)

 
 
 

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