Un bel extrait de... La maladie de la mort
- Edgar Dubourg
- 21 févr. 2016
- 1 min de lecture

Un livre court et envoûtant, d'une puissance de feu ; c'est l'écriture de Marguerite Duras qui se rend essentielle, qui s'entraîne elle-même dans le rythme singulier, unique, par un effet boule de neige : on a l'impression que rien ne lui échappe.
« Toujours c'est presque l'aube. Ce sont des heures aussi vastes que des espaces de ciel. C'est trop, le temps ne trouve plus par où passer. Le temps ne passe plus. Vous vous dites qu'elle devrait mourir. Vous vous dites que si maintenant à cette heure-là de la nuit elle mourait, ce serait plus facile, vous voulez dire sans doute : pour vous, mais vous ne terminez pas votre phrase.
Vous écoutez le bruit de la mer qui commence à monter. Cette étrangère est là dans le lit, à sa place, dans la flaque blanche des draps blancs. Cette blancheur fait sa forme plus sombre, plus évidente que ne le serait une évidence animale brusquement délaissée par la vie, que ne le serait celle de la mort. Vous regardez cette forme, vous en découvrez en même temps la puissance infernale, l'abominable fragilité, la faiblesse, la force invincible de la faiblesse sans égale. »
La maladie de la mort, Marguerite Duras (Minuit)
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