Un bel extrait de... Un amour impossible

La mort occupe une place si centrale dans la littérature et dans la réflexion qu'on pourrait croire que tout a été dit ; pourtant, il y a autant d'êtres que de façons de le formuler, et savoir prononcer les mots justes au beau milieu d'un deuil n'est pas chose facile. Christine Angot l'a fait, aussi simplement que puissamment.

« Chère Rachel,

La nouvelle que tu m’apprends me laisse facilement imaginer combien tu dois être malheureuse. Mais sois bien persuadée, comme je le suis, que ta mère n’est pas morte complètement. Non pas que je me sois converti à l’immortalité de l’âme, mais je suis certain que tu portes en toi l’empreinte de son caractère et de son cœur. Vois-tu, on ne meurt jamais entièrement, parce qu’on transmet aux autres, aux survivants, surtout à ceux qui vous aiment et vous connaissent bien, un peu de son être. De la même façon que tu es étonnée d’hériter de biens matériels que tu connaissais sans y penser, tu te trouves à la tête d’un précieux héritage spirituel, dont l’ampleur t’apparaît brusquement. Telle est en tout cas la découverte que j’ai faite à la mort de ma mère, et sans doute celle que tu fais. Quand on le comprend, la mort de ceux qu’on aime est beaucoup moins triste. Il dépend de nous de les faire vivre au-delà de leur disparition physique en pratiquant et en transmettant leurs qualités. »

Un amour impossible, Christine Angot (Flammarion)

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