Pourquoi faut-il lire... La logique de l'amanite
- Pascale Charpenet
- 29 janv. 2016
- 2 min de lecture
Un premier roman très réussi, 224 pages qui se lisent d’une traite, La logique de l’amanite est mon véritable coup de coeur de l’automne dernier. L’automne est d’ailleurs la saison préférée de Nikonor, le héros de cette histoire inattendue. Il est en effet passionné de mycologie, les champignons sont au centre de ses préoccupations et deviennent vite au centre des nôtres. Descriptions scientifiques et extraits de livres antiques sur ce sujet, Nikonor nous livre tous les secrets des cèpes et autres girolles.
« Le lecteur attentif aura sans doute déjà noté que la « nature » au sens large joue un rôle déterminant dans l’élaboration de ma mystique personnelle. Sans donner dans un panthéisme cosmique grandiloquent, ou un néo-paganisme de mauvais ton, disons simplement que j’ai toujours préféré la compagnie des forêts et des champignons à celle de mes semblables. »
Quel est donc le secret de ce héros misanthrope ? Que nous cache-t-il donc derrière son humour acerbe ( sans doute hérité de son anglaise de mère) et ses airs aristocratiques de châtelain corrézien ? Derrière ce récit écrit comme un mémoire, le héros nous glisse des indices sur son sombre passé, nous décrit son enfance, sa haine envers sa soeur jumelle. La tension monte mais est vite suspendue par des digressions sur la beauté des champignons ou la littérature, deuxième sujet de prédilection de Nikonor.
« Ces lectures produisaient une très forte impression sur mon âme sensible. Il m'était impossible de ne pas relever les aveuglants parallèles entre François-René, ou son double fictionnel René, et moi-même. Ne pensais-je pas comme lui "chaque automne (et hiver, printemps, été, dans mon cas) au château paternel situé au milieu des forêts, près d'un lac (un étang à carpes pour ma part), dans une province reculée" ? »
Le doute s’installe dans notre esprit et enflamme notre imagination. Qui est véritablement notre héros ? On se perd un peu dans les divagations de celui-ci, jusqu’à un final stupéfiant, quoiqu’un peu abrupte. Une brutalité qui correspond finalement bien à l’écriture de l’auteure, fine, piquante, et finalement si guindée qu’on en oublie qui est l’écrivain. Avons nous entre les mains la biographie d’un homme passionné de champignons ou alors un roman à suspense sur fond d’empoisonnement mycologique ? Ce roman, qui brouille la frontière entre le réel et l’imaginaire, ne manquera pas de vous faire rire, tout seul dans votre lit, avant de vous endormir et de rêver aux amanites tue-mouches.
La logique de l'amanite, Catherine Dousteyssier-Khoze (Grasset)
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