Un bel extrait de... La petite barbare
- Sophie Dubourg
- 28 janv. 2016
- 1 min de lecture

Une illustration de la fatalité qui résonne bien plus vrai que n'importe quelle définition ou tentative d'explication ; le cri fou et furieux d'une petite barbare qui a trop bien perçu la réalité.
« On ne dira jamais assez à quel point mater un mur toute la journée peut rendre fêlée, car une fois que t’as déchiffré les appels au secours du crépis tu te retrouves dans ton pieu face à une souricière. Rien à espérer sauf te raccrocher à des détails comme cette bande de lumière qui entre dans la cellule et dont la clarté sans accroc te propulse dans ton histoire.
[…]
Oui, c’est là-bas que tout a commencé et j’y suis née. Je ne sais pas si c’est à cause de là-bas que je suis ici. Je ne crois pas à une fatalité des lieux qui t’inscrirait dans la géographie du néant, mais même si Sciences Po recrute ses futurs énarques de gauche en banlieue pour faire chier les statistiques, ça ne fait pas tout. Je suis né belle à pleurer un jour de grand froid et d’arbres morts, de parents enterrés avant d’avoir commencé. Ils m’ont légué leur vie, leurs mauvais films, et leurs fins de mois difficiles. Il paraît qu’on peut en guérir. C’est loin d’être sûr. »
La petite barbare, Astrid Manfredi (Belfond)
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