Un bel extrait de... Alamut
- Chloé d'Arcy
- 20 janv. 2016
- 1 min de lecture

Un terrible et belle description du peuple, des envies et désirs des gouvernés, et de la façon dont parfois les chemins se tracent d'eux-mêmes.
« J’ai compris que le peuple est nonchalant et paresseux et qu’il ne mérite pas qu’on se sacrifie pour lui. Je l’ai appelé et invité en vain. Tu penses que l’énorme majorité des gens tient à la vérité ? Que nenni ! Les gens veulent la paix et des fables pour nourrir leur imagination. Mais la justice ? Ils s’en moquent, si tu satisfais à leurs intérêts particuliers. Je ne voulais plus me tromper. "Si les hommes sont ainsi, me suis-je dit, alors utilise leurs faiblesses pour atteindre le but élevé qui est le tien et qui leur sera aussi profitable même s’ils ne le comprennent pas." J’ai frappé à la porte de la bêtise et de la crédulité des gens ; de leur concupiscence, de leurs désirs égoïstes. Les portes se sont ouvertes en grand. Je suis devenu un prophète populaire, celui que toi aussi tu as reconnu. Les foules accourent maintenant vers moi. Tous les ponts derrière moi sont détruits. Je dois continuer. Continuer jusqu’à ce que l’empire des Seldjoukides soit détruit… Alors ? C’est difficile à comprendre ?
Ibn Tahir l’avait écouté les yeux écarquillés. Il s’attendait à tout, mais pas à ce que Hassan se justifiât, or il se justifiait. »
Alamut, Vladimir Bartol (traduction d’Andrée Lück Gaye, Libretto)
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