Pourquoi faut-il lire... Le Petit Prince
- Edgar Dubourg
- 7 déc. 2015
- 3 min de lecture

Je me pose littéralement mille questions sur ce petit livre. Et, malheureusement, l’une d’entre elles porte sur le titre de ma chronique. Pourquoi faut-il lire Le Petit Prince ? La réponse ne me vient pas.
Non pas que je ne conseille pas à tout le monde de lire, de feuilleter, de parcourir, de contempler – d’extrême urgence – ce chef d’œuvre. Bien au contraire ! Mais je ne saurais pourtant expliquer pourquoi…
J’ai tenté des ébauches de réponse…
Pourquoi ? Parce qu’il fait le tour… Le tour de quoi ? De tout.
Je n’arrive pas à aller au-delà. On peut très certainement analyser psychologiquement Le Petit Prince… Mais approcher ce texte par le biais littéraire, ça reste pour moi impossible. Comme si ce texte était mon énigme littéraire. Un mystère.
Je vais quand même essayer d’esquisser une explication… C’est le but de cette chronique, après tout.
Dans ce livre, les aphorismes, que je considère d’habitude comme les ennemis de la littérature, sont bouleversants de vérité (« C’est véritablement utile, puisque c’est joli. » ; « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » ; « Tu es responsable de ce que tu as apprivoisé. »). Les dialogues sont ingénieux. Les personnages touchants. L’histoire intelligente. Les dessins splendides.
C’est simple, tout est réussi, selon moi.
En lisant ce livre, on comprend, je pense, le pouvoir des mots. Ce qu’ils peuvent faire en nous, même quand ils paraissent « simples ». Quand le renard dit au Petit Prince « s’il te plaît… apprivoise-moi ! », quelque chose se passe (je ne saurais pas expliquer quoi…).
Associer l’eau au bruit que fait le puit (« nous réveillons ce puit et il chante ») : c’est génial (dans le vrai sens du mot « génial »). Puis associer cette métaphore sonore aux étoiles (« Toutes les étoiles seront des puits avec une poulie rouillée ») : c’est encore une fois génial. Et ensuite, quand on lit « Ce sera comme si je t’avais donné, au lieu d’étoiles, des tas de petits grelots qui savent rire », on sourit. Qui ne les entend pas les grelots ?! Et c’est précisément cela que je ne saurais expliquer… Comment se fait-il que derrière cette phrase se cache véritablement le rire des grelots ?
Je me pose plus de questions que de réponses… Je ne peux donc pas vous montrer en détail pourquoi il faut lire ce livre — il va falloir me faire confiance.
Si vous l’avez déjà lu, je peux cependant essayer de vous convaincre de le relire.
Pourquoi ? Car de chaque lecture, on tire quelque chose de complètement nouveau. On ne le lit jamais de la même façon. Jamais. Un jour on y lira une histoire d’amour tragique entre le Petit Prince et la rose. Un autre jour on y lira une histoire d’amitié entre un petit garçon et un renard. La lecture suivante, on lira une caricature sublime et précise de notre monde. Celle d’après, les aventures d’un explorateur qui voyage de planète en planète. Selon votre âge, le contexte de votre lecture, votre humeur, tout paraîtra différent.
Ce qui me fascine, au final, c’est cette impression qu’Antoine de Saint-Exupéry a répondu, en une centaine de pages, à toutes les questions de la vie, de notre humanité. Et si vous en doutez, je vous invite à faire l’expérience.
Choisissez votre question existentielle.
Notez là sur un bout de papier.
Puis relisez Le Petit Prince.
Vous trouvez forcément la réponse.
J’ai déjà fait mes propres essais :
Qu’est-ce que l’amour ? Comment lier une amitié ? Qu’est-ce que la solitude ? Faut-il comprendre l’amour ? Comment se remettre de la perte d’un être cher ? Est-il sage d’exiger de quelqu’un ce qu’il ne peut pas donner ? Comment gouverner ? Comment dépasser une addiction ? Comment mieux utiliser mon temps ? Est-ce que le temps passe trop vite ?
(et j’en passe…)
Le Petit Prince m’a chaque fois répondu.
C’est donc un beau texte, plein de sens et plein de réponses que je ne peux que vous conseiller. Quel que soit votre état d’esprit, je vous promets une chose, vous sourirez en refermant le livre. Peut-être aurez-vous la larme à l’œil… mais vous sourirez, j’en suis certain.
Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry (Gallimard)
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